La question de la transparence dans la comptabilité carbone des Big Tech se pose de manière de plus en plus pressante, alors que des géants comme Google, Apple, Meta, et Microsoft mettent en avant leurs efforts en matière de durabilité. Toutefois, une analyse du Guardian et du Financial Times montre que les chiffres annoncés par ces entreprises, basés sur les certificats d’énergie renouvelable (REC), masquent une réalité bien plus complexe.
Le rôle des REC dans la comptabilité carbone des GAFAM
Les REC permettent aux entreprises de compenser leurs émissions de carbone en achetant des certificats d’énergie verte. Cependant, selon les règles actuelles du protocole GHG, ces certificats peuvent provenir de zones géographiques différentes de celles où les émissions ont lieu. Cela signifie que les émissions locales de carbone peuvent être plus élevées que celles affichées dans les rapports des entreprises.
En 2023, les émissions « localisées » (émissions réelles sur site) étaient 120 % plus élevées que les chiffres basés sur le marché pour Apple et de 90 % pour Meta, selon le Guardian. Google et Microsoft ne communiquent pas ces données pour leur scope 3, ce qui pourrait encore accroître les écarts.
Les différences marquées dans le Scope 2
Le scope 2, qui inclut les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie, notamment dans les datacenters, révèle des écarts encore plus significatifs. Par exemple, les émissions « marché » de Meta étaient d’environ 273 tonnes de CO2, contre près de 4 millions de tonnes en réalité avec la méthode localisée. De même, pour Microsoft, l’écart est de 280 000 tonnes contre 6,1 millions de tonnes.
Ces écarts, selon le Guardian, montrent à quel point les GAFAM font preuve de « créativité comptable » en masquant l’ampleur de leurs émissions grâce aux REC.
Les datacenters et leur impact croissant
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit que la consommation d’électricité des datacenters pourrait doubler d’ici 2026, atteignant le niveau de la consommation actuelle du Japon. Alors que les datacenters des Big Tech représentent une partie croissante de leur empreinte carbone, une meilleure transparence est nécessaire pour mieux appréhender leur impact réel.
Face à ces chiffres et au débat autour de la réforme du protocole GHG, une révision de la comptabilité carbone des Big Tech s’impose. Il devient crucial d’exiger des chiffres plus précis, prenant en compte non seulement l’origine géographique des REC, mais aussi les véritables émissions locales des datacenters.
Source : Silicon.fr – Comptabilité carbone : nécessaire réforme chez les Big Tech ?